Non, ce n’est pas une galéjade … Marius est bien le nom d’un girafon d’un an et demi qui vient d’être tué au pistolet d’abattage au Zoo de Copenhague au Danemark, car « il ne présentait pas un patrimoine génétique intéressant ».
Cet assassinat en règle a eu lieu devant les visiteurs, dont de nombreux enfants, puis son cadavre a été donné en pâture aux lions.
Cette interruption volontaire de vie fait réfléchir sur de nombreux plans. Une fois de plus, qu’est-ce qui nous guide ? … l’inadvertance ou l’advertance ?
– à quoi servent les zoos aujourd’hui ?
Les superbes vidéos tournées sur les lieux de vie des animaux nous permettent de les découvrir dans leur milieu naturel (en général somptueux) et surtout comprendre leur manière de vivre. N’est-ce pas plus intéressant que de défiler devant de pauvres animaux hébétés, privés de liberté et tournant en rond dans des lieux inhospitaliers pour eux ?
Certes, les zoos doivent continuer à s’occuper de leurs animaux, car ces derniers ne sont plus capables d’être réintroduits dans la nature, mais sont-ils obligés d’accueillir de nouveaux animaux ?
– main mise de technocrates sur des décisions
Il existe une Association, l’Association européenne des zoos et des aquariums (EAZA European Association of Zoos and Aquaria), qui fédère 345 institutions et organisations dans 41 pays et qui a créé un programme pour éviter
la consanguinité entre girafes, programme auquel participe le zoo de Copenhague. Adhérant à cette association, le zoo a dû obtempérer à ce qui lui était demandé : la mort de l’animal.
(Voici la réponse officielle d’EAZA pour expliquer sa décision.)
Que cette association souhaite sélectionner de beaux spécimen pourrait être louable en soi, si, par ailleurs, elle avait pour obligation de trouver une solution interdisant le sacrifice d’un animal. Manifestement des solutions existaient. Ainsi :
– le zoo de Copenhague a indiqué avoir reçu une offre de deux millions de couronnes (270.000 euros) d’un particulier, mais il a fait valoir que sa politique n’était pas de vendre ses animaux.
– le parc animalier du Yorkshire à Doncaster (Angleterre), membre de l’EAZA, a contacté en urgence ses collègues danois pour proposer d’adopter Marius, mais il dit ne pas avoir reçu de réponse.
– Le zoo de Frösö, à Östersund (Suède), non membre de l’EAZA, était lui aussi prêt à accueillir Marius, mais l’EAZA n’a pas donné suite.
Là, cela devient tout simplement scandaleux : l’eugénisme pratiqué par le zoo conduit ni plus ni moins à la mort de l’animal jugé « non optimum » pour leurs besoins !
– la notion d’utilité
Le zoo et l’association ont plaidé non coupables en expliquant qu’ils n’avaient pas d’autre choix, car
* la castration était jugée plus cruelle et elle aurait eu « des effets indésirables »
* la réintroduction de Marius dans la nature était vouée à l’échec.
Mais ce qui est choquant, c’est plutôt cette notion d’utilité pour ce girafon. Son utilité jusqu’à un an et demi – lorsque les gens s’attendrissent devant les bébés animaux – est bienvenue. Mais maintenant qu’il grandit, et que les visiteurs ne vont voir qu’une girafe parmi d’autres, Marius n’est utile que s’il peut se reproduire, et malheureusement pour lui, il n’apporterait pas suffisamment de diversité … Alors, tant pis … sacrifions-le sans problème !
Cela fait frémir, mais notre société est bien dans ce registre, lorsque des groupes de pression veulent aller plus loin que la loi Léonetti sur la fin de vie et que des personnes sont prêtes à faire passer leur intérêt personnel avant le respect d’autrui.
– sectarisme de la part d’organisations prétendant prendre la défense des animaux
Alors que l’annonce de cette euthanasie a entraîné des pétitions de protestation au Danemark et dans le monde entier, deux grandes associations danoises en faveur des animaux : Dyrenes Beskyttelse, l’équivalent de notre SPA (Société Protectrice des Animaux) et Anima ne se sont pas émues.
Quels intérêts cette prise de position cache-t-elle ?
Peut-on avoir en toute tranquillité de conscience des indignations sélectives ?
– quel intérêt à ce que des personnes non professionnelles et notamment des enfants y assistent ?
On peut arguer qu’ainsi tout est fait en transparence … Ainsi en était-il du bon peuple qui se réunissait pour assister aux exécutions !!
Quelles explications ont été données aux enfants ?
Quelles leçons en retiront-ils ?
– renvoi à notre propre sauvagerie
Réaction d’un internaute « Ce meurtre de mammifère est un tout petit aperçu de ce qui se passe tous les jours dans nos abattoirs… sauf que les lions c’est nous. »
Je vous invite à regarder ce reportage de l’association Ethique & Animaux L214 (du nom de l’article L214 du code rural : en 1976, les animaux y sont pour la première fois désignés en tant qu’êtres sensibles.
Art L214-1 : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. »)
Quoi manger et avec advertance ou inadvertance ?
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